Le pari de la cour
herve, 15 ans, n’aurait jamais dû accepter ce pari. Tout avait commencé bêtement dans la salle de classe, pendant une heure de permanence. Camille et ses copines, Léa, Manon et deux autres, Sarah et Inès, ricanaient en le regardant. "T’es même pas cap de traverser la cour en slip pendant la récré", avait lancé Camille, un sourire narquois aux lèvres. herve, un peu trop sûr de lui, avait répondu : "Pff, facile. Si je le fais, vous me filez vos desserts à la cantine pendant une semaine." Elles avaient topé là, hilares, et il avait cru que ça s’arrêterait là.
La récré arrive.herve, poussé par son orgueil, jette un œil dehors : la cour est pleine, ça grouille de monde. Il soupire, enlève son jean et son sweat dans un coin près des casiers, sous les rires étouffés des filles. "Allez, vite, avant qu’un prof te chope !" chuchote Léa. En slip blanc – un peu trop petit, d’ailleurs, merci maman – il sort, les joues déjà rouges. Les premiers élèves le repèrent, des éclats de rire fusent. Il accélère, traverse la cour en trottinant, slalomant entre les groupes qui sifflent et crient des "Oh, herve, t’es sérieux ?!"
Mais Camille a un plan bien plus tordu. Alors qu’il atteint l’autre bout, essoufflé, il se retourne pour récupérer ses affaires… et voit Manon agiter son jean au loin avec un grand sourire. "Viens le chercher !" crie-t-elle. Panique. Il revient en courant, mais là, catastrophe : Léa attrape l’élastique de son slip par derrière et tire d’un coup sec. Craaac. Le tissu se déchire à moitié, pendouille lamentablement. herve tente de le retenir, mais Camille finit le boulot : un dernier coup de main, et le voilà nu comme un ver, planté au milieu de la cour.
Les rires explosent autour de lui. Une dizaine d’élèves, surtout des filles, le fixent, hilares. "Oh la honte, herve, t’as rien à cacher !" lance une voix. Il plaque ses mains devant, rouge écarlate, mais c’est là que ça dégénère vraiment. Camille et Léa dégainent leurs téléphones, commencent à filmer et prendre des photos, zoomant sans vergogne. "Souris, t’es une star maintenant !" rigole Camille. Et avant qu’il puisse fuir, Sarah et Inès entrent en jeu : chacune lui chope un bras et le tire en arrière, l’immobilisant. "Pas question que tu te caches, on veut tout voir !" s’exclame Sarah, pendant qu’Inès éclate de rire.
herve est là, nu, les bras écartés, incapable de se couvrir. La honte le submerge – son cœur bat à cent à l’heure, ses joues brûlent, et il sent tous les regards braqués sur lui. Les flashs des téléphones crépitent, les filles sifflent et lancent des commentaires : "Regardez-moi ce petit bout de rien !" "Il va rougir jusqu’à Noël !" Il bredouille un "Arrêtez, sérieux…", mais sa voix tremble, noyée sous leurs éclats de rire. Cette gêne totale, cette vulnérabilité, le paralyse… et pourtant, quelque part, une pointe d’excitation bizarre se mélange à tout ça.
Finalement, Manon balance son jean par terre à quelques mètres, un sourire moqueur aux lèvres. "T’as gagné ton pari, mais t’as perdu ta dignité. Ramasse, si t’oses !" Les filles le lâchent, et herve se jette sur ses fringues sous une dernière salve de rires et de photos. Il s’habille à la hâte, mortifié, mais avec cette étrange sensation qui pulse encore dans ses veines. En partant, il entend Léa murmurer : "On garde les preuves, hein. Fais gaffe à ce que tu paries la prochaine fois !"
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